Le consommateur sans voiture, objet d’un nouvel imaginaire du centre-ville.

consommateurs sans voiture visuel

 Les drive piétons se déploient mais les craintes vis-à-vis de la réduction de la place de la voiture en ville restent une tendance de fond chez les commerçants des centres-villes bien que, peu à peu, le débat s’ouvre au sein de ce groupe non homogène…

Pourtant, les études concernant la piétonnisation des centres villes montrent plutôt que la piétonisation va dans leur sens. A trop se focaliser sur l’automobiliste, les commerçants en oublient que les piétons et cyclistes consomment également.

Premier élément, une grande part des commerçants ont finalement une méconnaissance des modes de transport de leurs clients. Dans une enquête à Londres, ils pensaient que 63% de leur clientèle venait en voiture alors qu’en réalité ils n’étaient que 20%[1].

A Bruxelles, les commerçants surestiment le poids de la voiture en moyenne de 30%, et sous-estiment le poids des transports collectifs de 15% et de la marche à pied de 15% également.

Les discussions que les commerçants ont avec leurs clients influencent cette perception. Le client qui est venu en voiture et a eu du mal à se garer va le faire savoir haut et fort, alors que celui qui est venu à pied ne va pas évoquer le fait que les trottoirs sont trop étroits ou qu’il y a trop de voitures.

Autre élément explicatif, les « artisans, commerçants » sont ceux qui se déplacent le moins fréquemment en utilisant un moyen de transport alternatif à la voiture.

Ainsi, dans les grandes villes (les communes de plus de 100 000 habitants), la majorité des clients des petits et moyens commerces se déplacent à pied ou à vélo (pour 64% d’entre eux) tandis que moins d’un quart vient en voiture (CEREMA, 2020).

D’autres études ont montré que les cyclistes et piétons ont tendance à dépenser plus, et plus fréquemment que les automobilistes. D’après un rapport de l’ADEME, le piéton (ou cycliste ou usager des transports en commun), plus régulier dans sa fréquentation des commerces de proximité, dépense en moyenne 40,4 € par semaine, contre 21,7 € pour les automobilistes.

Enfin, une étude à Lille montre que les automobilistes sont peu dépendants de la voiture et ont en réalité la possibilité d’utiliser d’autres alternatives pour venir au centre-ville, s’ils n’avaient pas eu la possibilité de prendre la voiture le jour de l’enquête, 70% d’entre eux seraient tout de même venus et se seraient organisés pour prendre un autre moyen de transport (Chassignet, 2014)[2].

Ces éléments sont connus et il faut surement nuancer les conclusions selon les territoires et les types de commerce mais la tendance est là…

Le No Parking, No Business a vécu.

Par Benjamin Pradel, le 12 février 2025 

[1] Transport for London, (2014), Walking & cycling : The economic benefits. https://content.tfl.gov.uk/walking-cycling-economic-benefits-summary-pack.pdf > repréciser les sources

[2] Chassignet, M. (2014), Mobilité vers les commerces de centre-ville : 5 enseignements issus d’une enquête menée à Lille. Les blogs d’Alternatives Économiques.

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